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La Revue Politique Internationale

LA GRECE ET L’EMPIRE OTTOMAN



Le traité de paix signè à Athènes le 14 novembre marque dans l'histoire de l’Orient, une date de Ia plus haute importance. C’est Ia première fois qu’un accord politique gréco-turc est conclu à Athènes. C’est Ia première fois aussi que pareille entente intervient sans l‘entremise des grandes puissances. C’est la première fois enfin que l’Empire ottoman se laisse heureusement influencer par des conseils de modération émanant d’un Etat qui n’est pas parmi Ies membres du concert européen. Ce sont autant de manifestations du grand changement survenu en Orient.

Des Etats, hier encore mineurs, se sentent dèsormais capables de se conduire seuls dans Ia vie des nations. Ils ont atteint leur majorité après une derniere crise de croissance qui, en les contraignant à I’observation de Ia grande Ioi de I’équilibre, leur a permis de discerner Ia similitude de leurs intérêts et I’avantage qu’ils auraient à combiner leur efforts et à multiplier entre eux les liens d’union et de solidarité. Grâce à la profonde sagesse de son éminent souverain, la sagacité et la moderation de ses ministres, l’habileté et Ia patience de sa diplomatic, Ia Roumanie a eu I’inestimable mérite d’assurer le succès de cette grande oeuvre d’émancipation. Par son rapprochement de l’alliance gréco-serbo-monténégrine, il s'est formé, sous ses auspices, un nouveau groupement qui depouillé do tout esprit d’exclusion et d'hostilité envers les tiers, vise uniquement au maintien du traité de Bucarest, justement défini Ia "charte fondamentale" de l’Orient, et au développement des liens d'amitié entre tous les Etats de Ia Péninsule.

Il était naturel que le role d’arbitre régulateur si heureusement ássumé par elle à Bucarest, Ia Roumanie eût encore à le jouer pour hâter le dénouement trop attendu des négociations gréco-turques. L’occasion lui en fut offerte par Ie voyage de son ministre de l'Intérieur en Grèce. Elle I’a mise à profit avec un éclatant succès dû, non seulement à sa nouvelle position en Orient, mais aussi, pour une très large part, à la sympathie active, aux conseils persuasifs et au charme personnel de l’éminent homme d’Etat qu’est M. Take Jonesco.

La caractère de la paix d'Athènes et le nouvel état de choses qui en résulte fournissent la conviction qu’entre la Grèce et La Turqui l'amitié stipulée dans le traité ne sera pas une vaine formule diplomatique, mais une féconde et bienfaisante réalité.

I

Bien qu’elle ait été durement éprouvée, la Turquie no conservera pas longtemps le souvenir de ses défaites : les plaies de Ia guerre ne tarderont pas à se cicatriser, car aucun aiguilIon empoisonné n’y a été laissé; au contraire, rarement paix fut conclue sur des bases plus honorables pour les deux parties A vrai dire, il n’est qu’une seule condition pénible : Ia cession territoriale. Mais, consentie au traité dé Londres (30 mai 1913), le souvenir en est déjà estompé, d’autañt mieux qu’elle constitue moins une perte qu’une restitution, et que, loin d’affaiblir l’Empire ottoman, elle le fortifie, on le verra, en le débarrassant d'un poids mort.

Quant au traité d’Athènes, il ne consacre ni injustice, ni humiliation, ni blessure d’amour-prôpre. Il ne stipule aucune indemnité de guerre, Il ne revise pas au profit du vainqueur les anciens traités qui, simplement suspendus au cours des hostilités, reprennent leur force et vigueur. II n'impose pas le remboursement — communément admis — des frais d’entretien des soldats ottomans prisonniers, ni la réparation — incontestable dans son principe — des pertes et dommages résultant de Ia saisie des navires grecs par les autorités ottomanes avant Ia déclaration dé guerre : il préfère renvoyer la solution de cette double difficulté a l’arbitrage, afin que, si Ia Turquie doit finalement payer, elIe le fasse au seul nom de Ia justice.

Au contraire, Ia Grèce consent à restreindre les effets de l'annexion dans la matière très importante pour elle de l'indigénat. Seuls les sujets ottomans actuellement domicilés dans les nouvelles provinces grecques deviennent de plein droit sujets hellènes, sauf option contraire qui, suivant. la tradition or créée lors de Ia cession de la Thessalie, pourra être exercée dans un délai de trois ans, durant lequel toute obligation militaire demeure suspendue pour les intéressés. Quant aux individus qui sont originaires des nouveaux territoires sans y être domiciliés, une distinction est faite : ceux qui sont fixés, hors de l’Empire ottoman peuvent dans les six mois opter pour Ia nationalité hellénique; mais ceux qui sont établis en Turquie conservent définitivement la nationalité ottomane. Cette dernière catégorie représente environs 50.000 Grecs de Macédoine et surtout d’Epire domicilés principalement dans le vilayet de Constantinople : c'était pour eux une occasion unique d’acquérir Ia nationalité grecque, car dans l’avenir comme dans le passé leur naturalisation individuelle en Grèce rencontrera un obstacle à peu près insurmontable dans l’agrément du Sultan auquel elle demeur subordennée en vertu de Ia loi turque. Pour s’imposer pareil sacrifice, Ie gouvernement hellénique a dû faire un réel effort de bonne volonté. Son mérite est d’autant plus grand que le règlement adopté au sujet des originaires est doublement exceptionnel : il va a l’encontre de l’usage d’après lequel quand I’annexion se présente comme un acte de libération des congénères de l’annexant, Ia dénationalisation qui en rèsulte atteint tous ceux gui ont avec le territoire cèdè un lien quelconque, soit le domicile, soit Ia seule origine; il s’écarte en outre de Ia solution dictèe par les puissances lors de Ia constitution du royaume de Grèce, et, un demi-siècle plus tard, lors de Ia cession de la Thessalie.

De plus, Ia Grèce àccorde de nombreuses et importantes garanties au profit des intérêts musulmans : respect des droits acquis, spécialement des biens des particuliers, du Sultan et de la famille impériale, des fondations pieuses, d’assistance ou de bienfaisauce (vacoufs, à l'exception des dimes), des personnes morales, en faisant nommément figurer parmi elles le célèbre Comité politique "Union et Progrès"; respect de a liberté religieuse et de la pratique extérieure du culte; reconnaissance de Ia compétence des muftis, non seulement en matiére purernent religieuse et d’administration des biens vacoufs, mais aussi en matière contentieuse entre Musulmans pour les affaires de leur statut personnel; reconnaissance des prérogatives du Sultan comme chef religieux (Khalife) et du droit du Cheikh-uI-IsIam de donner I’investiture au mufti en chef, nommé par Ie roi des Hellénes.

Dans cette voie, Ia Grèce a poussé Ia condescendance aussi loin qu’iI est permis de Ie faire à un Etat souverain. Elle n’aurait pas du concéder davantage si, au lieu d’une annexion due à ses victoires, il sû fût agi d'une cession amiable consentie en pleine paix. Sans aller aussi loin quo Ia Bulgarie, dans le traité de Constantinople (29 septembre 1913), elle a légèrement dépassé Ia mesure observée sur Ie conseil des puissances lors de l’annexion pacifique de la Thessalie, pour s'inspirer du même esprit large et libéral que l'Autriche, en Bosnie-Herzégovine, et I’Italie, en Tripolitaine.

Pour apprécier toute Ia valour de ces concessions, il faut tenir compte de la somme considérable des intérêts ainsi garantis dans les nouvelles provinces grecques, ou les Musulmans dépassent 500.000 âmes et leurs propriétés collectives on privées, représentant pIusieurs dizaines de millions de francs, occupent une superficies ènorme et couvrent dans certaines villes des quartiers entiers. fl faut noter en outre que ces garanties sont donnèes sans que la Grèce obtienne en retour Ia solution qu'elle était en droit d’espérer de nombre de questions depuis longternps pendantes en Turquie au sujet de la condition de ses nationaux et des libertés scolaires et ecclésiastiques des Ottomans de race grecque.

Que ces concessions soient dues à l'esprit de modération de la Grèce, à l’influence conciliatrice de Ia Roumanie, ou à la force même des événements, cela importe peu. Ce qui est certain, c‘est que, jointes à Ia fréquente stipulation de l’arbitrage, tant pour les difficultés non résolues, que pour des litiges éventuels, elles donnent à l’entente intervenue le caractère très heureux d’un libre accord, conclu, de part et d’autre, avec Ie sincère désir de ne rien imposer ni rien accepter qui, heurtant violemment l’équité, pût être legerme de conflits futurs.

La paix d'Athènes apparaît donc comme une oeuvre forte et saine, destinée à durer, capable, grâce au nouveau terrain des rapports gréco-turcs, de. dèvelopper entièrement son effet.

II

A mesurc que les événements survenus dérouleront leure conséquences, les anciennes bases des rapports gréco-turcs se trouveront profondément altéréres.

La Grèce et la Turquie cessent d’être voisines par terre; elles n’ont plus de frontière commune sur Ie continent.

L’agrandissement de I’une et la diminution de l'autre auront réduit la disproportion des forces respectives sur terre; ils l'auront presque complètement supprimée sur mer.

Leur solidarité économique, déjà considérable par les fréquents échanges entre le Pirée, d’une part, Constantinople et l’Asie Mineure, d’autre part, sera sensiblement augmentée, doublée peut-être, du fait des rapports de Salonique et des nouveaux ports grecs de l'Egée avec les principales places de l’Ernpire ottoman.

La Grèce devient, dans une certaine mesure, uric puissance musulmane, puisque les Musulmans formeront désormais une fraction notable, environ le huitième, de sa population totals.

Enfin et surtout dans ses rapports avec Ia Turquie, la Gréce ne peut plus avoir de visées territoriales. Sans doute le domaine de l’Hellénisme est encore vaste dans l’Empire ottoman, il comprend notamment en Asie une population de près de deux millions et demi, qui s’étend Ie long des côtes presque sans solution de continuité depuis Trébizond jusqu'a Adalia, avec une faible pénétration dans l'intérient. Mais Ia Gréce se rend bien compte que, par sa configiration géographique, ce domaine est politiquement irréalisable et très sagement, elle se garde d’en concevoir l’inutile convoitise.

Reste, il est vrai, la question des îles ottomanes de la mer Egée, autres que la Crète. Aux termes du traité de Londres, auquel celui d'Athènes renvoie formellernent, elle relêve de Ia décision des grandes puissanees. Il faut souhaiter, dans l'intérêt de Ia tranquilité générale et de l'harmonie des rapports gréco-turcs, que le concert européen saura s'élever au-dessus des contingences diplomatiques, pour prescrire Ia seule solution qui, d’accord avec Ia nature des choses et le voeu des populations, peut être definitive, à savoir l’annexion a Ia Grèce. Toute autre solution serait nécessairement provisoire et pleine de dangers. Touchés, pour la troisième fois depuis Ia conquête turque, par Ie souffle de Ia liberté, les insulaires n’auraient point de cesse qu’ils n’aient assuré leur union à la Grèce; on verrait,, dans vingt îles, recommencer les difficultés dont Ia Crète a été si Iongtemps l’objet; les rapports gréco-turcs en seraient envenimés et en constant danger de rupture; armant l'un contre l’autre, les deux pays s'épuiseraient en dépenses navales; et après avoir retardé ou compromis leur développernent, Ia querelle aurait Ia même fin que dans l’affaire crétoise. Ceux qui, comme nous, désirent sincèrement la consolidation de l'Empire ottoman, voudraient pouvoir persuader aux Jeunes-Turcs que l’intérêt bien entendu de leur pays leur commande de no pas chercher à s’opposer à Ia réalisation par la Gréce de ce dernier lot de son patrimoine national : ils ont fail en Crète la triste expérience d’une obstination sans issue, qu’ils n’en oublient pas Ia leçon et qu’ils n’aillent pas, au sujet de l’Archipel, au-devant de nouveaux el plus terribles malheurs. Ils paraissent craindre quo I’abandon des îles ne mette en danger Ia sécurite et la prospérité de l'Asie Mineure, que, devenues grecques, ces îles ne soient contre Ia côte voisine un centre de propagande hellénique, un foyer de contrebande douanière, et, en ternps de guèrre, une base d’opérations. Ce danger est purement imaginaire : Ia plus active propagande ne saurait triompher des obstacles quo la nature a mis à la réalisation du domaine hellénique en Asie; Ia contrebande, loin d’accroître, tendrait à disparaître sous l’effet de la fiscalité grecque, qui, supérieure a celle de I’Empire ottoman, découragerait les fraudeurs; enfin la sécurité de Ia côte serait certainement moins menacée que celle de toute frontière terrestre qui établit entre les dèux pays contigus un contact plus immédiat et, partant, plus dangereux. Mais, pour lémoigner de la sincérité de ses sentiments, Ia Grèce ne se refuserait sans doute pas à chercher, d’accord avec Ia Turquie, les garanties propres à mettre le territoire voisin efficacement à l’abri de tout danger d’ordre économique ou militaire.

Il est permis d’espérer que le gouvernement ottoman voudra se laisser inspirer de sentimcnts analogues.

Cet espoir paraît autant plus fondé que les changements survenus dans la situation respective des deux pays ne manqueront pas d’affecter leurs rapports dans un sens favorable à l’entretien d’une amitié loyale et sûre.

La Grêce continuera à avoir dans I’Ernpire ottoman près de 100.000 sujets, dont la moitié en Europe et l'autre moitié en Asie. Une partie considerable de son commerce extérieur se fera toujours avec la Turquie. Elle ne poura pas enfin se désintéresser du sort des sujets ottomans de race grecque, dont Ie nombre demeure considerable : environ trois millions dont un pen plus de 500.000 en Europe et Ie reste en Asie.

Pour Ia protection de ces nationaux, Ia garantie de son commerce, le maintien des privilèges scolaires et ecclésiastiques de ses congénères, la Grèce disposera désormais d’une liberté plus grande, de moyens d’action plus efficaces que par le passé. Non seulement elle n'aura plus à craindre l’invasion turque, mais Ia possibilité d'exercer, Ie cas échéant, chez elle, des représailles sur les intérêts musulrnans, sera un préservatif contre les violations.du droit qu’on pourrait être tentê de commettre ou de tolérer en Turquie au détriment des intérêts grecs. D'autre part, l'accroissement de la solidarité êconomique des deux pays augmenterait. dans une mesure égale les conséquences désastreuses déjà grandes que toute guerre économique contre La Grèce produit sur le commerce et les finances de l'Empire ottoman.

Il y aura done moins à redouter à I’avenir la répétition du mouvement antihellénique qui s'était déchainé en Turquie avec tant d’impétuosité dans la dernière phase des affaires de Créte.

Mais Ia nouvelle situation ne supprime pas seulement toute cause sérieuse de conflit. Elle établit entre les deux Etats une communauté d’intérêts favorable à un rapprochement de plus en plus intime.

Ill

Si paradoxaI que cela puisse paraître à première vue, il est cependant certain que la Turquie sort de la récente crise plus forte et plus maîtresse de ses destinées: elle a subi une opération, douloureuse sans doute, mais salutaire.

Que Ia perte de Ia plupart de ses vilayets d'Europe soit pour Ia Turquie une bonne affaire financière, un de ses hommes d'Etats les plus distingués s’est chargé de le démontrer (1). Les vilayets cédés étaient passifs, ils coûtaient au Trésor plus qu’ils ne lui rapportaient; en les perdant, la Turquie dirninue son déficit d’environ 34 millions de francs par an. A ce bénéfice indirect on doit ajouter to gain annuel d’environ 21 millions de francs qu’elle réalisera du fait de l'augmentation de la surtaxe douanière (de 3 à 7 %) que ses malheurs Iui ont value de Ia sollicitude des grandes puissances.

Mais c’est surtout sous Ie rapport de sa tranquillité intérieure et de sa sécurité e’xtérieure que Ia Turquie n’a pas lieu de regretter le démembremeut territorial qu’elle vient de subir. Les vilayets d’Europe étaient pour elle l’objet d’incessantes alarmes Des troubles de plus en plus fréquents et Ia repression qui s'en suivait cornpliquaient une administration déjà difficile, provoquaient l’intervention des puissances, occasionnaient des conflits avec les Etats voisins; absorbé en Europe, obligé d'y entretenir des forces armées considérables, d’y faire des dépenses disproportionnées avec ses ressources, le gouvernement négligeait les provinces d'Asie, épuisait le Trésor et mettait en danger l’existence même de l'Empire. Débarrassée de ses territoires, Ia Turquie peut désormais consacrer tous ses efforts a l'administration et au développement de regions plus riches et moins troublées; elle voit ainsi augmenter ses chances de subsister comme Etat indépendant.

Toutefois pour que cette possibilité devienne une certitude, il faut que ses dirigeants Ia préservent, à l’intérieur. comme à l'extérieur, de nouvelles imprudences.

A l’intérieur, I'expérience leur a durement enseigné les dangers de la methode du "turquisine" et de la centralisation à outrance. Les conseils que leurs meilleurs amis leur avaient vainement prodigués avant Ia guerre, ils doivent maintenant s’empresser de les suivre. La tâche est plus facile qu'en Macédoine, parce que, a Ia différence des vilayets d'Europe, les provinces asiatiques ne subissent pas l'irrésistible attraction d’Etats voisins congénères. Mais elle n’en est p moins urgente : l’echec du système administratif comporterar à brève èchéance en Asie de plus grands dangers qu'il n'en produits en Europe; il conduirait à l’anéantassement de l'Empire et au partage de ses possessions entre héritiers qui à sont déjà désignés et surveillent attentivement l’heritage.

(1) DJAVID BEY: Die Zukunft der turkiscben Finanzen, dans Ia Deutsche Revue, mars 1913, p.380

A l’extérieur, Ia Turquie devra avant tout éviter les aventures. Une politique d’aventure serait pour elle un acte de folie : de toute manière, elle préparerait ou consommerait sa perte. Tel serait notamment le cas pour l’entente ébaucher d’après certains bruits, avec la Bulgarie en vue d'une action combinée contre Ia Grèce et la Serbie. On volt ce qu la Turquie aurait à y perdre, on.n’aperçoit pas ce qu’elle y pourrait gagner : sans compter le terrible risque d’un échec, elle [ne?] saurait, daus l’hypothèse d’un succès, mettre en balance Ie gain de Ia Thrace occidentale avec le danger de la constitution à son flanc d’une grande Bulgarie. Fort hereusement depuis qu’on s’est rendu compte de Ia .solidarité des liens qui unissent Ia Roumanie à Ia Grèce et a Ia Serbie, ce plan [?] paraît avoir guère chance de réalisation.

La Turquie doit en outre veiller à ses frontières. La plus importante comme la plus exposée séra toujours celle qui ouvre Ie plus court chemin vers Ia capitale. Elle ne sera p[?] moins menacée que par la passé. La Turquie doit y faire bon garde, car aux anciennes convoitises, qui demeuren intact [?] s’ajoutent aujourd’hui chez ses voisins le ressentiment et dépit d’avoir, par suite d’une inimaginable accumulation des fautes militaires et diplornatiques, laissé échapper la conqui[?] chèrement payée, d'Andrinople.

Obligée de suivre une politique de conservation, la Turquie trouvera sa meilleure sauvegarde dans I’equilibre balkan [?] et dans une collaboration avec les Etats intéressé à son ma[?]tien. En se solidarisant avec eux pour mieux assurer le re[?] de Ia paix de Bucarest, elle pourrait, en retour, se faire rantir l'intégrité de ses possessions européennes.

La Gréce, la Roumanie, Ie .Monténégro et Ia Serbie serait sans doute disposés à suivre cette politique de rapprochement et de collaboration qui servirait doublement leur inte[?] en rendant tout à Ia fois plus solide et plus étendu l’équilibre qu’ils ont contribuié a fonder. S’il me leur est pas indifférent que leur oeuvre trouve dans une nouvelle adhésion un supplément de force, il leur importe que Ia Turquie demeure en Europe, car c’est pour leur propre conservation une garantie de plus.

Ce qui est vrai de leur intérét commun l’est plus particulièrement de l’intérêt grec. M. Take Jonesco faisait très justement remarquer au correspondant du Temps à Athènes que la Grèce "a tout intérêt à ce que les maîtres de Constantinople restent Tures et que les Turcs soient forts "Pour elle, tout changement de domination sur les bords du Bosphore serait extrêmement préjudiciable.

A Constantinople et dans les environs, les intéréts matériels et moraux de l'Hellénisrne occupent une place hors de pair : 300.000 . Grecs ottomans, 50.000 sujets hellènes, le siège du Patriarcat oecuméniqie,. diverses institutions très riches, quantité d’églises, d’écoles, d’oeuvres de charité, de bienfaisance et. d’assistance, une part prépondérante.dans les finances, Ie commerce, Ia navigation. Sous aucune domination étrangère, ces intéréts no: pourruient trouver une protection égale à celle que leur offre le régime turc. Depuis pIus de quatre siécles, en dépit de périodiques persécutions, ils ont pu, non seulement se maintenir, mais constamment progresser; c’est que du premier jour, les Tures ont trouvé en eux des collaborateurs indispensables: ils leur ont fourni le ciment social qui leur faisait. dèfaut pour fonder un État. Si la Turquie a pu subsister en Europe, elle Ie doit aux forces conservatrices de l'élément grec qui ont constamment tenu en échec les forces dissolvantes dé l’élément islamique. L’organisation politique, militaire et administrative des Turcs n'aurait pas pu constituer un État viable sans t’armature sociale, économique et intellectuelle fournie par l’élément grec. Les Turcs l'ont si bien compris que, dès Ie dèbut de Ia conquête, its ont octroyé aux Grecs un certain nombre de libertés et de privilèges, grâce auxquels ils ont conserver, à travers tant de siècles de domination musulmane, leur religion, leur langue, leurs costumes. Demain comme hier, les Turcs ne pourront se maintenir à Constantinople que par l'accord dé l'élément musulman avec l'élément grec, et cet accord ne sera possible que si le gouvernement ottoman respecte les traditionnelles libertés scolaires et religieuses des communautés grecques.

Au souci de conservation de Ia race, s’ajoute celui du progrès de son commerce maritime, pqur faire désirer à Ia Grèce la consolidation de I'état actuel dè choses. Parmi les domaines où c'est Ie rnieux manifestée Ia belle expansion de sa marine marchande dans les vingt dernières années, ii faut mettre en bon rang le transport des blés des places du Danube et de la Mer Noire, où le monopole de fait du pavilion britannique est aujourd’hui fortement menacé par le pavilion grec (1). Si l'on songe à la place considérable que le commerce occupe dans son économie nationale, on comprendra que la Grèce n'attache pas à la liberté des détroits une importance moindre que Ia Russie et les autres riverains de Ia Mer Noire. La fermeture, même motnentanée, des détroits occasionne des pertes qui, toute proportion gardée, sont pour elle au moins aussi grandes que pour la Russie. La Chambre de commerce anglaise de Constantinople a calculé que, durant les deux mois de fermeture des détroits à Ia fin de 1912, les céréales destinées à I’exportation, qui ont dû être accumulées dans les ports russes et roumains de Ia Mer Noire et dans les dètroits, ont représenté une valeur totale d’environ 500 millions de francs et que les pertes éprouvées par 428 navires retenus tant à l’entrée qu'à Ia sortie des Dardanelles se sont. élevées à près de 7.500.000 francs. Dans ces pertes, une somme importante revient à Ia marine hellénique puisque, parmi les navires retenus, 140 appartenaient à son pavilion et qu’en temps normal elle aurait eu à transporter une partie notable des céréales restées en souffrance. Or, si précaire queIle soit aujourd'hui, la liberté des détroits paraît moins menacée que si Constantinople changeait de maitres. Pour donner au commerce international pleine sécurité, il faudrait adapter aux détroits Ie régime du canal de Suez. Cette réglementation répondrait aux voeux de la Grèce comme à ceiui de Ia Russie ct des autres riverains de Ia Mer Noire. Elle serait aussi conforme à l'intérêt de Ia Turquie puisqu'elle tendrait à consolider son pouvoir en Europe.

(1) V. Diplomatie and Consular Reports, n° 5188, Greece, 1913, p. 14.

En poursuivant d’accord avec ses alliés et ses amis, une politique de rapprochement et de collaboration avec Ia Turquie,la Grèce n’obéirait pas seulement à son intérêt actuel. Elle traduirait en actes des sentiments quii, chez elle sont de date ancienne. Plus d'une fois dans Ie passé l'occasion s'est offerte aux deux pays de tirer les conséquences que comporte la similitude de leurs intérêts. Malheureusement, l'imprevoyance, l'impéritie ou les arrière-pensées de Ieurs gouvernants ne leur ont pas permis d’en profiter. Du moins, nulle nation en rapport avec Ia Turquie n’a été plus constamment ni plus sincèrement attachée au principe de son intégrité que ne l'a été La Grèce depuis surtout que l'annexion de Ia Thessalie lui a permis de sortir de sa dèbiIitè congénitale. Aucune des crises des trente dernières années n'est due à son fait. On les eût évitées par des concessions réciproques si dans Ies rapports des deux pays la confiance avait pu trouver Ia place qui lui était due. Ainsi, avant do conclure l'alliance balkanique, M. Vénizélos a tout tenté pour arriver avec la Turquie à un accord amiable: comme prix de son assentiment à l'entrée des députés crétois au Parlement grec, il était allé jusqu'à lui offrir Ia reconnaissarice de ses droits suzerains sur Ia Crète sous forme d’un tribut annuel. Ce fut en vain. Soit qu’elIe ne crût pas à la sincerité de l'offre, soit qu’elle n'apercût pas les conséquences de son refus, la Porte ne voulut pas se départir de son intransigence. A la veille de la guerre, il est vrai, Kiamil Pacha changea d’avis, mais c’était trop tard.

Aujourd’hui, après taut do cruelles experiences, il se présente une nouvelle occasion de rapprochement et d’entente. Saura-t-on Ia mettre à profit?

Les intentions de Ia Grèce et celles de ses amies ne sont pas douteuses. M. Take Jonesco a récemment exprimé avec insistance à Athènes comme à Constantinople l’espoir d’une entente sérieuse et durable de Ia Turquie avec la Grèce et ses amies. M. Vénizélos, qui va, dit-on, se rendre prochainement àConstantinople, serait partisan non seulement d’une entente cordiale, mais d'une alliance défensive turco-balkanique qui garantirait à Ia Turquie l'intégrité de ses possessions européennes (1). D’après certaines informations, ces idées auraient déja pris corps et donné lieu à un premier échange de vues.

(1) Intervlew donnée par M. Vénizélos au journal turc Tasviri Efkiar et analysée dans le journal grec Néa Himera, 14-27 octobre 1913.

Ces sentiments sont-ils partagés par Ia Turquie?

On voudrait pouvoir I’affirmer, mais ce n’est pas sans une certaine appréhension que lon constate, dans différents centres de I’Empire, des tendances grécophobes qui trouvent écho dans les conseils du gouvernement. Cependant I’avantage que Ia Turquie retireraît d’une entente avec Ie groupement balkanique est tellement évident. qu’on hésite à croire que Ia Porte restera sourde aux avances qui lui sont faites: il est trèsrare que la passion I’emporte sur l'esprit de conservation.

Si, comme on doit l’espérer, l’entente turco-baIkanique venait a s'établir sous forme d’alliance ou autroment, elle aurait les mêmes traits généraux que I'actuel groupement dont elle serait issue. ElIe viserait uniquement au maintien de l'équiibre, tel qu’iI résulte des traités de Bucarest, de Constantinople et d'Athènes, et, tendrait au développement des liens d’amitié et de solidarité entre tous les États de la péninsule, sans exception. Ainsi, n'ayant aucune tendance d’exclusion ni d'hostilité envers les tiers, elle pourrait parfaitement englober la Bulgarie, Ie jour où, résignée à l'oubli de ses rancunes, elle aurait fourni des preuves de son sincère attachement au nouvel ordre de choses.

Nicolas POLITIS,

Professeur à l'Université de Paris.




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Although it was tested hard, Turkey will not preserve for a long time the memory of its defeats: the wounds of the war will not go long in being healed, because no poisonous sting was left there; on the contrary, seldom has peace been concluded on more honorable bases for two parts to tell the truth, it is only one painful condition:  territorial transfer. But, agreed to the treaty of London (May 30, 1913), the memory is already blurred by it, as much better than it constitutes less one loss that a restitution, and that, far from weakening the Ottoman Empire, it strengthens it, one will see, by disencumbering itself of a dead load.

Prof. Nikolas Politis; born in Corfu in 1872, he studied law in Paris. Venizelos appointed him as director of foreign affairs (1914-1916), a position he returned to until 1920. Greece's first representative in the League of Nations until 1924, Politis later served as his nation's ambassador to France.

As for the treaty of Athens, it devotes neither injustice, neither humiliation, nor wound of one's own love. It does not stipulate any war indemnity. It revises not with the profit of the winner the old treaties which, simply suspended during hostilities, take again their force and strength. The refunding does not impose — commonly allowed — expenses of maintenance of the captive Ottoman soldiers, nor repair — undeniable in its principle — losses and damage resulting from the seizure of the Greek ships by the Ottoman authorities before the declaration of war: it prefers to put off  the solution of this double difficulty with arbitration, so that, if Turkey must finally pay, she does so only with the name of justice.

On the contrary, Greece has agreed to restrict the effects of the annexation in the very important matter for it of the [natives]. Only the Ottoman subjects currently domiciled in the new Greek provinces become by full right Hellenic subjects, except for the contrary option which, following the tradition gold created at the time of the transfer of Thessaly, could be exerted within three years, during which any military obligation remains suspended for the interested [parties]. As for the individuals who are originating in the new territories without being domiciled there, a distinction is made: those which are fixed, out of the Ottoman Empire can in the next six months choose Hellenic nationality; but those which are established in Turkey preserve Ottoman nationality definitively. This last category represents the surroundings 50,000 Greeks of Macedonia and especially of the Empire domiciles mainly in the vilayet of Constantinople: it was for them a unique opportunity to acquire Greek nationality, but in the future as in the past for them [to gain] individual naturalization in Greece will meet an insurmountable obstacle in the approval of the Sultan to which it demor subordennée under the terms of Turkish law. To impose similar sacrifice, the Hellenic government had to make a real effort of goodwill. Its merit is all the more large as the payment adopted about the originating ones is doubly exceptional: it goes has the opposition to the use according to which when annexation is presented in the form of an act of release of congeneric of annexing, the denationalization which resulted reaches all those have with the territory ceded an unspecified bond, either the residence, or only origin; it deviates moreover from the solution dictated by the powers at the time of the constitution of the kingdom of Greece, and, one half-century later, at the time of the transfer of Thessaly.

Moreover, Greece accorded the many ones and important guarantees with the profit of the Moslem interests: respect of acquired rights, especially of the goods of the private individuals, the Sultan and the imperial family, the pious foundations, of assistance or bienfaisauce (vacoufs, except for the dimes), of the  moral people, while making by name to appear among them the famous political Committee of "Union and Progress"; respect of religious freedom and the practice external of the worship; recognition of the competence of the muftis, not only in purely religious matters and of administration of goods vacoufs, but also out of contentious matter between Moslems for the businesses of their personal statute; recognition of the prerogatives of the Sultan as religious chief (Khalife) and of the right of the Sheik-uI-IsIam to give the nomination with the mufti as a chief, named by the king of Hellenes.

In this way, Greece pushed condescension also as far as it is allowed to make in a Sovereign state. It would not have to concede more if, instead of an annexation due to its victories, it were acted of a friendly transfer agreed in full peace. Without also going far as Bulgaria, in the treaty of Constantinople (September 29, 1913), it slightly exceeded the measures observed on the council of the powers at the time of the peaceful annexation of Thessaly, to take as a starting point the the same broad spirit and generosity of Austria, in Bosnia-Herzegovina, and Italy, in Tripoli.

To appreciate any of the valor of these concessions, it is necessary to thus hold account of the considerable sum of the interests guaranteed in the new Greek provinces, or the Moslems exceed 500,000 hearts and their properties collective one deprived, representative of several tens of million franks, occupy enormous surfaces and cover in certain cities of the whole districts. It is necessary to note moreover that these guarantees being given without Greece obtaining in return the solution that it had the right to hope for a number of questions since for a long time hanging in Turkey about the condition of its nationals and school and ecclesiastical freedoms of Ottomans of Greek race.

That these concessions are due to the spirit of moderation of Greece, the conciliating influence of Romania, or with the force even of the events, that imports little. What is certain, it is that, joined to frequent stipulation of the arbitration, so much for the unsolved difficulties, than for possible litigations, they give to the agreement occurred it very happy character of a free agreement, concluded, on both sides, with sincere desire nothing to impose nor anything to accept which, running up against equity violently, could be legerme [cause for?] future conflicts.

The peace of Athens thus seems a strong and healthy work, intended to last, able, thanks to the new ground of Greco-Turkish ratios, developed entirely to effect.

While returning all in more solid and wider time balance than they contributed has to found. If it me is not indifferent for them that them work finds in a new adhesion a supplement of force, it matters to them that Turkey remains in Europe, because it is for their own conservation a guarantee moreover.

What is true of their common interest is more particularly Greek interest. Mr. Take Jonesco very justly made to notice with the correspondent of the Times of Athens that Greece's "whole interest lies with the masters of Constantinople remaining Turkish and that the Turks are strong." For it, any change of domination on the edges of the Bosphorus would be extremely prejudicial.

At Constantinople and in the surroundings, the material interests and moral of Hellenisrn occupy a place out of par: 300,000 Ottoman Greeks, 50,000 Hellenic subjects, the seat of Patriarchate [ecumenical]. various very rich institutions, a quantity of churches, schools, charity organizations, benevolence and of assistance, a preponderant share in finances, trade, navigation. Under any foreign domination, these interests would not find a protection equal with that offered by the Turkish regime. For more than four centuries, in spite of periodic persecutions, they could not only maintain, but constantly progress; it is from that first day, Turks found in them indispensable collaborators: they provided for them the social cement which made them [able] to found a State. If Turkey could remain in Europe, she must with the preserving forces of the Greek element who constantly held in failure the solvent forces of the Islamic element. The political, military organization and administrative of the Turks could not have constituted a viable State without the social, economic and intellectual armature provided by the Greek element. The Turks understood it so well that, as of the beginning of the conquest, they granted the Greeks a certain number of freedoms and of privileges, grace at which they have to preserve, with through so much of centuries of Moslem domination, their religion, their language, their costumes. Tomorrow like yesterday, Turks will be able to be maintained in Constantinople that by the agreement the Moslem element with the Greek element, and this agreement would not be possible without the Ottoman government's respect of the traditional school and religious freedoms of the Greek communities.

With the preoccupation of the conservation of race, is added that of the progress of its maritime trade, to make wish in Greece consolidation of the current state of things. Among the fields where it is best expressed by the beautiful expansion of its commercial navy in the last twenty years, it is necessary to put in good row the transport of corns of the places of the Danube and the Black Sea, where the monopoly in fact of the British pavilion is today strongly threatened by the Greek pavilion (1). If one thinks of the considerable place that the trade occupies in its national economy, one will understand that Greece does not attach not with the freedom of the straits an importance less than Russia and other residents of the Black Sea. Closing, even [temporarily], of the straits causes losses which, all things considered, are for it at least also great for Russia. The English Chamber of Commerce of Constantinople calculated that, during the two months of the closing of the straits by the end of 1912, cereals intended for export, which had to be accumulated in the Russian and Rumanian ports of the Black Sea and in the straits, represented a total value of approximately 500 million franks and that losses tested by 428 ships retained as well with the entry as in the left of the Dardanelles are raised with nearly 7.500.000 franks. In these losses, an important sum returns in the Hellenic marine since, among the ships selected, 140 belonged with its pavilion and that in normal times it would have had to transport a notable part of cereals remained in suffering. However, if precarious as is today, the freedom of the straits appears less threatened than if Constantinople changed masters. To give to international trade full safety, it would be necessary to adapt the straits to the mode of the Suez Canal. This regulation would answer the wishes of Greece as to that of Russia and of the others residents of the Black Sea. It would be also in conformity with the interest of Turkey since it would tend to consolidate its capacity in Europe.

(1) V Diplomatie and Consular Carryforwards, no. 5188, Greece, 1913, p. 14

 

Naturally, while Prof. Politis did a fair job of being fair, the above amounts to little more than an apologetic puff piece for Greece. Note, for example, while the Ottoman Empire gave up so much, Greece suffered "similar sacrifice"... in the form of exercising "goodwill"! (Given that Greece has rarely exercised such in dealings with Turkey, perhaps there is truth to the degree of sacrifice therein.)

What Politis called the "valor of concessions" included Greece's guarantee of freedoms for the half-million Moslems in the territories being annexed. Yes, Greece surely has maintained a fine security for their non-Greeks historically, respecting their cultural rights. On the other side of the coin, to pump up how wonderful Greece has been by agreeing on paper to respect the rights of their new racially/religiously inadequate citizens, we're hit with "It is necessary to note moreover that these guarantees" were "given without Greece obtaining in return the solution" for "the condition of its nationals and school and ecclesiastical freedoms of Ottomans of Greek race." Yet, the Turkish nation has always provided for these freedoms for centuries, as Politis himself admirably admitted in the very same article.

I also liked his assertion that with the loss of so much territory, now the Ottoman nation would be so much better off, and could concentrate in the improvement of the nation's eastern regions, better ensuring the sovereignty of the nation, which the conspiratorial European powers were itching to take away at the drop of a hat. Yet in 1914, the Ottomans were forced to agree, with the inspectorate plan, to allow Russia to muscle in on the east, effectively giving up all control and guaranteeing the loss of these territories in quick order. (A reason that must have helped compel some Ottoman leaders to go with their "sink or swim" decision, of going to war.)

And what about Politis' admonishment that the Turks had better look to give up control of the islands only a stone's throw away from their coastline: "they have failed in Crete the sad experiment of an obstinacy without exit, that they do not forget the lesson of it." He doesn't spell out this lesson: the extermination of a good portion of the Turks/Muslims of Crete. Naturally, Politis similarly makes no mention of the massacre strategy Greece shamefully employed during the Balkan wars, along with "partners-in-ethnic-cleansing-crime" Bulgaria, Serbia and Montenegro. (Toll: 632,000 Muslims dead, not including soldiers; 813,000 exiled. 870,000, or 38% of the population, remained.)

With such a massive toll on human life, numerically a greater toll than the Armenians' suffering (Toll: up to 600,000 dead, hundreds of thousands freely having left for lands outside Ottoman jurisdiction, and 644,900 remaining in 1921, according to the Armenian Patriarch. From an original population of some 1.5 million, the remainder would amount to 43%, or over 40% if the original population was 1.6 million) and one no one talks about, how could the Turks not have been embittered? But the Turks are the silent type, and that means suffering silently. Politis explains it all away in the following fashion: "Although it was tested hard, Turkey will not preserve for a long time the memory of its defeats: the wounds of the war will not go long in being healed, because no poisonous sting was left there." The sting could not have been any more poisonous, as these Orthodox peoples carried out a plan of systematic murder. But Politis was correct in that the wounds of war healed (most Turks today are unaware of these events)... but only because Turks look to the future, and don't become obsessed with the past.

Interesting too was Politis' assertion that Greece conducted herself in "the same broad spirit and generosity of Austria, in Bosnia-Herzegovina, and Italy, in Tripoli." It sounds like Politis felt Austria and Italy did a favor to the Turks by illegally annexing territory in the first example, and by conducting a war of aggression in the second.

But the most wonderful statement is when Politis wrote:

"Greece cannot have territorial aims any more."

Greece certainly proved it a mere five years later by invading western Anatolia and driving deep inland, conducting the murderous massacres against Turks that the Greeks have become known for.